Au travers de son dernier livre , Fabrice Midal, philosophe et écrivain, nous livre un regard optimiste, éclairant , plein de sagesse et de recul sur sa façon de surfer sur la vague du chaos. Il nous explique que le mot crise se dit « Wei-ji » en chinois et  qu’il revêt deux significations pour le moins ambivalentes : Wei signifie le problème, la difficulté (ex : un divorce, une maladie grave, la perte de son emploi…), quant à « Ji », c’est la chance, l’opportunité, le dynamisme et cela symbolise le mouvement. Selon la vision chinoise, le Wei-ji est à considérer dans sa globalité, comme un intervalle entre le déclenchement du problème et le changement inévitable qu’il va entrainer.

Toute crise, par définition, est déstabilisante et anxiogène car elle est source d’incertitude et nous sort de notre zone de confort. La bonne nouvelle est que la crise débouche forcément sur de nouvelles opportunités. Pour cela, mieux vaut apprendre à rester confiant dans l’avenir pour pouvoir saisir ces opportunités, bien que pour beaucoup d’entre nous, cela exige que nous changions  au préalable notre mindset… OK ! Super !… Mais comment y parvenir … ?

D’après Fabrice Midal, « le wei-ji  n’est pas une chambre forte dans laquelle on serait enfermé : c’est plutôt un tunnel plus ou moins long et ardu à traverser et dans lequel il faut donc avancer ».

Il illustre sa pensée avec brio au travers de l’histoire du homard :

« Le homard grandit tout au long de sa vie, les plus vieux spécimens pouvant atteindre plus d’un mètre.  Mais leur carapace, elle, ne grandit pas. Tous les quelques temps, le homard a le même « wei »  (le même problème) : il est trop à l’étroit dans sa carapace, il étouffe, il stresse. Rester zen ou essayer de positiver ne lui servirait à rien ; il lui faut prendre le courage d’aller vers une solution, sinon il mourra. Son « ji » réside dans les rochers contre lesquels il va se frotter jusqu’à se détacher de sa carapace. C’est une décision difficile à prendre : sans cette armure, il est nu, vulnérable, il constitue une proie idéale pour tous les prédateurs. Mais il n’a pas d’autre choix que d’avancer dans son tunnel. Une fois dépouillé de sa carapace, il se tapit sous les rochers mais il reste en mouvement : il travaille à se fabriquer une nouvelle carapace, plus grande, plus confortable et aussi résistante que la précédente. Le Wei lui a été salutaire : il l’a alerté, il l’a forcé à se reprendre en main, à trouver une issue. A entrer dans le ji.

L’histoire du homard est l’histoire de toute vie humaine.  Dans des circonstances difficiles, nous avons tendance à recourir à une solution de facilité et attendre que ça aille mieux. Mais qu’adviendrait-il du homard s’il attendait, dans sa vieille carapace, que ça aille mieux ? »

Au travers de cette merveilleuse analogie, Fabrice Midal nous fait passer le message que le chaos est le propre de la vie,  qu’il n’y a pas de vie sans changement, que le changement est permanent.  Il nous explique qu’il est plus pertinent d’agir en Acceptant de rentrer dans le mouvement de la crise plutôt que de résister ou de tenter de comprendre et d’obtenir à tout prix des réponses. Rechercher les causes des causes reste un exercice délicat qui peut souvent se révéler peu productif, voire même une grande perte d’énergie et de temps. En effet, force est de constater qu’il n’existe pas toujours de raisons à toute difficulté. Cependant, si nous restons figés dans la croyance qu’il est indispensable de comprendre avant d’agir, nous prenons le risque de nous immobiliser et de renforcer le cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons car attendre ne fera qu’exacerber notre peur et/ou notre anxiété …

Nous remettre le plus rapidement possible en action nous permet de refaire des choix, de décider, même si nous prenons le risque de nous tromper… ! Nous redevenons alors Acteur (trice) de notre vie au lieu de sombrer dans la passivité, sans oublier les ruminations mentales et la culpabilité qui ne nous lâcheront pas si nous choisissons la deuxième option.

Seul le mouvement permet au cercle vertueux de la confiance en soi d’être ainsi  relancé … Alors  un conseil : Osons travailler à reconstruire notre carapace chaque fois que ce sera nécessaire… !

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